Un article d'Eugène Catalon en novembre 1983 dans la revue municipale de Grézieu, retraçant la biographie de Lucien Blanc
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Texte de l'article
Que savez-vous de Lucien BLANC ?
La réfection de l’avenue Lucien BLANC vient d'être terminée. C'est bien.…. Mais à propos de Lucien BLANC, que savez-vous de lui ? Certainement pas grand chose, sinon que c'était un ancien
maire — pas très ancien d'ailleurs puisque bon nombre de nos concitoyens l'ont connu !
Pourtant son nom n’a pas été donné sans raison à cette belle avenue ! Il fut en effet une des personnalités les plus marquantes de son époque, un homme hors du commun, ardent mutualiste, généreux et profondément social.
Une vie aussi bien remplie et aussi attachante que la sienne se doit d'être contée. Mais comment serait-il possible de retracer en quelques lignes, le fabuleux destin de ce jeune compagnon-bourre-
lier, ayant réalisé l’union de tous, devint vice-président et en 1868 président national de l'Union Compagnonnique ? Puis, retiré à Grézieu, en être le meilleur, sinon un des meilleurs maires ayant ad-
ministré notre commune.
DU SIMPLE COMPAGNON ... AU PRESIDENT NATIONAL, VÉNÉRÉ...
Né à Menerbes (Vaucluse) le 19 avril 1823, dès son jeune âge, il joue un rôle très important dans le compagnonnage. Reçu en 1845 à Paris Compagnon du devoir, sous le nom de ” PROVENCAL LE
RESOLU ”, Représentant du peuple en 1848, Second en ville de Nantes et Bordeaux, puis premier à Marseille et à Lyon où il s’installa en 1852. Vice-président, puis élu président de l'Union Compagnonnique, il réalisa l’union et porta partout son esprit d'organisation, sa foi compagnonnique, sa ferveur de mutualiste et reçut médaille d'or et Légion d'Honneur.
Citons ces quelques lignes extraites de " l'HISTOIRE DU COMPAGNONNAGE " (ouvrage prêté par M. Etienne Buisson) :
” Aujourd'hui retiré près de Lyon, dans une vieille demeure — la Barge — qui a gardé l’allure simple et grandiose des logis du 16° siècle, et qui convient à merveille à celui qui perpétue avec tant de conviction un passé curieux, Lucien BLANC continue de donner tous ses soins à son œuvre. Excellent maire de Grézieu-la-Varenne, il va encore sans fatigue partout où les compagnons le vénèrent.
Il peut jeter avec satisfaction un regard sur sa vie si bien remplie." (Ecrit en 1907 : Lucien BLANC avait 84 ans).
MAIRE DE GREZIEU ... VERITABLE ” BARON HAUSSMANN ” LOCAL...
Peut-être eut-il la chance de prendre en mains les destinées de la commune à un moment historiquement propice. Jusqu'alors, Grézieu, depuis des siècles était resté un petit village de campagne.
La Route Royale construite en 1866 (actuelle 89) n'avait rien apporté car elle passait aux confins du village et le bourg restait isolé et méconnu.
Seule la construction du petit train de Vaugneray (1887) avec les deux gares (Tupinier et la Barge) venait de désenclaver Grézieu. Le grand mérite de Lucien BLANC fut d’avoir compris tout l'intérêt
que la commune pouvait en tirer tant au point de vue économique que touristique.
Pour cela, il fallait et il le fit :
- D’une part conserver le caractère moyennâgeux, si pittoresque, du centre du village et
- d'autre part moderniser et embellir le reste.
Conseiller municipal en 1892, il fut élu maire en 1896 succédant à M. Claude Antoine POIZAT, puis réélu en 1900, 1904, 1908. Pendant ses 13 années de mandat jusqu’à sa mort en 1909, il s'efforcera de faire d’un vieux village une cité accueillante.
Pour faciliter l'accès des habitants aux gares et surtout pour inciter les citadins à y débarquer, de grands travaux furent entrepris, les abords des gares furent enjolivés, les chemins étroits et tor-
tueux remplacés par des voies larges et droites.
La route allant de la place de l'As de pique au Tupinier fut élargie à 9 m et un chemin piétonnier de 2 m facilita l’accès de la 89 à l'importante bifurcation du Tupinier. Citons entre autres travaux
l'aménagement des chemins de Chambarny et de Corlevet.
Mais l’orgueil de Grézieu était surtout sa magnifique avenue de la gare (aujourd'hui justement dénommée Lucien BLANC) si appréciée des Lyonnais tant elle était belle, droite et bien ombragée. Par
wagons entiers, chaque dimanche y débarquait une foule bigarrée et joyeuse qui se ravitaillait chez les commerçants avant de s'élancer sur les pentes de la Luère ou de s'éparpiller dans le vi!lage. Tout au bénéfice d'un commerce local qui ne fut jamais aussi florissant (5 hôtels-restaurants, cafés, guinguettes, etc…). C'était bien la ” Belle Epoque . ‘ -
IMPORTANTS TRAVAUX MAIS... DEPENSES LIMITÉES
Mais, fait plus remarquable encore, ces grands travaux, aussi importants soient-ils ne coûtèrent pratiquement rien aux finances communales, Le Maire ne démentait pas l’ancien compagnon et le
vieux mutualiste. Pour permettre l'alignement de l'avenue de la gare, il fit don d'un pavillon de la Barge, abattu en 1904, d'autres dons suivirent et des subventions firent le reste.
En 1905, le réhaussement du clocher et l’installation d'une horloge à quatre cadrans — afin de permettre à tous de voir l'heure de n'importe quel point du pays — fut financée par une souscription
publique. Une 2° souscription compensa les 2 000 F d'abord promis par la ” Fabrique " puis refusés après la Séparation de l'Eglise et de l'Etat.
1897 : lanternes achetées par souscription pour l’éclairage public, éclairage électrique en 1908. Il serait trop long de s’étendre sur l’'aide précieuse qu'il apporta à l’école publique dont il fut toujours un ardent défenseur.
Enfin, pour terminer et montrer que cette époque n'est pas très lointaine, rappelons que notre vieux et estimé garde champêtre, le père PONCET, que nous avons bien connu avait été nommé par Lucien BLANC en 1907. Il était encore en fonction lorsqu’en 1953, il trouva la mort en venant garnir la chaudière des écoles.
Eugène CATALON.